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🎤🙌 colloque sur les violences policières organisé par Aly Diouara à l'Assemblée Nationale (27/10/2025)

Mots-clés: Aly Diouara, Seine Saint-Denis, colooque, violences policières, racisme institutionnel, contrôles d’identité, impunité, Assemblée nationale, banlieue, cités, quartiers populaires, collectifs de victimes, témoignages, conscientisation, mobilisation citoyenne, justice, IGPN, traumatismes, révoltes urbaines, prise de parole, marche blanche, solidarité, associations, vidéopolitiques publiques, réformisme, radicalisme

Même si nous n’en saisissons pas encore la portée, ce qui se joue aujourd’hui est à la fois symbolique et histoire. Même le réceptionniste à l’accueil manque de s’étrangler et peine à croire ce qu’il entend : “un colloque sur les violences policières ? à l’assemblée nationale ? vous êtes sûrs ?”

19h passées et la grande salle de réunion de notre hôte, Aly Diouara, député LFI du 93 (accompagné de Sébastien Delogu et d’un chercheur), est archi bondée : des jeunes femmes et hommes racisé·es et voilées, des mères de famille, des élu·es, des structures associatives, des familles de victimes, des avocats, des médias de proximité se pressent. Aly D. nous souhaite la bienvenue et insiste à plusieurs reprises : nous sommes chez nous dans cette institution et nous payons tous des impôts via la TVA.

Donner la parole aux concerné·es est l’objectif de la soirée. Puis convaincre dans un deuxième temps des bienfaits du réformisme (en gros, former et réformer la police + l’IGPN), rentrer en politique pour changer le rapport de force. Tout le monde n’est pas d’accord sur les moyens et les solutions, mais le constat fait quasi l’unanimité : les violences sont systémiques et ciblées, ce ne sont pas des bavures mais des actes volontaires, le racisme ancré dans la police et le corporatisme, l’hécatombe suite à l’article de loi de Cazeneuve sur le refus d’obtempérer autorisant à les FDO à tirer, les familles et militants se sont organisés, le fait de pouvoir filmer pour documenter a tout changé et sauvé des vies/évité les peines de prison, l’éducation par la peur transgénérationnelle, l’explosion des rixes, le harcèlement et les contrôles d’identité constants dès le plus jeune âge, le conditionnement des jeunes hommes racisés à l’ordre colonial (qui remonte aux Brigades Nord-Africaines), le traumatisme des violences subies et les séquelles psychologiques, l’impunité et la justice complice, la politisation des révoltes urbaines (le terme “émeutes” est inapproprié).

Quelle est ma légitimité à être là ce soir, en tant que femme blanche de la génération X ? J’ai vécu dans une cité dont le nom fait encore frémir aujourd'hui les habitants du centre-ville, rien qu’à son évocation (bien que le quartier ne soit plus populaire et que les résidences de standing aient poussé comme des champignons). Je l’ai vue brûler en 2005 et 2023. J'ai été témoin de bavures après les attentats du Bataclan. Je sais ce que c’est d’être considéré par les décideurs publics (y compris les élus locaux qui n'ont que le clientélisme à la bouche lorsque se profilent les élections municipales) comme des sous-citoyens et ne pas avoir d’endroit ou de lieu d’activités (MJC, maison de quartier) aménagé pour les jeunes. Comme beaucoup, ça fait 10 ans que j’enchaîne marches blanches, manifs “justice et vérité”, hommages, soutien aux comparutions immédiates, attente devant les palais de justice. Ce soir, je suis là pour écouter ce que les générations d’après ont à exprimer et comment les daronnes s’organisent pour protéger les jeunes.

Etrangement (ou pas), le soutien éventuel de la société civile n’est pas mentionnée. Comme si cela faisait longtemps que la bataille de l’opinion avait été perdue, a fortiori depuis le lobbying intense des syndicats policiers et chaînes d’info en continu après l’agression choquante de Théo. Et l’extrême-droitisation des cerveaux en général.

Même Aly Diouara affirme se faire courser par les gendarmes s’il rentre dans l’enceinte de l’AN, vêtu d’une tenue casual. Entre colère, témoignages et propositions, ce débat illustre la difficulté de changer un système perçu comme ancré, tout en montrant que la mobilisation collective favorise la conscientisation et la prévention.

Last but not least : ce soir, étaient représentées Le Blanc Mesnil, Garges-Sarcelles, Chevilly, Evry-Courcouronnes, Aubervilliers, Sevran, la Courneuve, Bondy, Villiers-sur-Marne, Corbeil-Essonnes, Villeneuve Saint-Georges. Merci aux assos des quartiers populaires qui ont fait le déplacement et invité les adultes de demain à prendre la parole.

Visionnez les interventions du colloque sur Blast





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