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🚇 SK : sans horizon (13/10/2013)

Mots-clés: SK, Noisy le Grand, liaison hectométrique, cable, rail, Maille Horizon, Mont d'Est, Soulé Kermadec

Venir visiter Noisy-le-Grand est un non-sens total. On aura beau lui apposer « mont d’est » et lui affubler des sous-titres oniriques mais vides de sens, ça n’y changera rien. Il en va ainsi de Mailles Horizons. Let’s remember 1991…

Dehors, la grisaille sans âme du quartier d’affaires et des tours, qui ont tantôt poussé comme des champignons, jette un grand froid. Symptôme de la ville nouvelle…oubliée et laissée à l’abandon. Le mobilier urbain fait vieillot et porte les stigmates avancés du temps. Deux-tiers des commerces extérieurs au centre commercial des Arcades ne sont pas fermés que le dimanche. Tissu économique en perdition, désert social. Le bâtiment de Pôle Emploi me sourit cyniquement et chuchote. C’est le seul avenir possible, ici. La mousse ne se gêne pas pour envahir allègrement le bitume. Juste vengeance sur la mégalomanie architecturale des années 60.

Près du rond-point, un chemin serpente au milieu de la végétation luxuriante d’un grand terrain vague en friche. Truffé d’orties, goudron craquelé, réverbères éteints pour l’éternité. Sur la droite, du linge est étendu sur un séchoir en plein air, près d’une maison de fortune. Au loin, un big chantier avec grue et tout le toutime.

Fléau ravageur, l’immobilier est un rongeur insatiable : il y a de grandes chances pour que les terrains alentours soient grignotés d’ici peu. Intuition confirmée par les pancartes crâneuses annonçant le programme idyllique classique : des résidences et un collège-lycée international. Ces promesses datent de 2012. Déjà.

Comme je m’y attendais, la station a été détruite. Face au pompeux Palacio de la cité, colisée de style néo-classique me faisant penser à l’Axe Majeur des Cergy – dont l’avenir semble compromis – on remarque sur le bas-côté une excroissance abrupte, des blocs de béton. Terminus, tout le monde descend.

Rien ne laisse transparaitre quel put être son usage potentiel…qui hélas ne fut jamais. D’humeur changeante, les projets de construction sont hautement réversibles. Seul le bout de toiture en atteste. La tôle retournée, à travers la vitre cassée, cinq mètres plus bas, on distingue les larges couloirs de correspondance. J’essaye d’imaginer où peuvent être les drôles d’engins motorisés.

J’entends du bruit et me retourne. Un récupérateur, arrivé par la route et visiblement pas venu faire une explo, examine attentivement les lieux. J’essaye d’engager la conversation. A son visage, je comprends qu’il ne comprend pas un traitre mot de mes élucubrations. A demi effrayé par ma présence-surprise, il rabat sa capuche et repart précipitamment par où il est venu. Candide que je suis, j’ai sûrement cru qu’une fois n’est pas coutume, un récupérateur ne se la jouerait pas solo !

Près de la plaque d’égoût, un outil de fortune en guise de barre. Tête de pioche déterminée mais malheureusement, mes bras impuissants ne pourront rien contre les 150 kilos de fonte. Té ou rien.

D’autant plus qu’au niveau tranquillité et concentration, on a vu mieux : à 5 mètres d’un feu tricolore, il faut opérer au grand jour. Rien de tel pour distraire les automobilistes qui attendent le passage au vert.

Les entrées ayant été énergiquement remblayées et zéro chatière en vue, je me rentre en jetant un dernier regard résigné sur les bouches d’aération, nettement visibles, elles. Bye bye invisible SK, I will find you, I promise!





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